Sr. Sohie Kitoga au milieu |
Sr. Sophie est congolaise. Actuellement
elle habite dans la communauté de Bukavu-Plateau. Pour le moment, elle est en
convalescence.
Julienne Bouda : Réfléchis
sur toute ton expérience avec la Congrégation SMNDA. Rappelle-toi un moment où
tu t’es sentie très vivante, très participante, spirituellement touchée, ou le
plus enthousiasmée par ton engagement. Raconte-moi cette expérience mémorable
que tu as eue avec les SMNDA.
Sophie : Nous venions
de la messe un groupe de jeunes enseignantes qui aspirions à la vie religieuse.
Nous pensions qu’on ne pouvait être que des religieuses diocésaines. Il y avaient les Trappistines et les Franciscaines. Toutes ne pensaient qu’à ces deux
Congrégations. Alors, à la rencontre d’une Sœur Blanche, une de mes camarades
déclara : « Ce que Sophie voulait c'est d'être Soeur blanche.» Je voulais et pensais,
mais n’avais pas su le dire clairement à ce moment-là. A la question de la
sœur de savoir si c’était vrai, j’ai dit oui. Je lui ai demandé si les Sœurs
Blanches pouvaient m’accepter et la sœur a dit oui. La joie au cœur, je me
sentais confirmée. Cette sœur s’appelait sœur Lucrette et elle est décédée en
1962.
Quand la sœur me demanda pourquoi je
voulais être sœur Blanche, je lui répondis: « C’ est parce
que ce sont les Pères Blancs et les Sœurs Blanches qui nous ont apportés La
Bonne Nouvelle» Je voulais m’unir aux sœurs pour apporter la Foi, La Bonne
Nouvelle à d’autres. La sœur m’a dit: « Si tu veux être
diocésaine, tu appartiendras à l’Evêque. Mais si tu veux être missionnaire, il
faut lui demander la permission». J’ai demandé à l’évêque pour être
missionnaire. Il m’a découragée me disant que c’était de l’orgueil de laisser
les Noirs pour aller chez les Européens.
J’ai continué à cheminer avec les sœurs.
Ma compagne Adrienne à continuer à m’encourager. En ce moment-là, la Supérieure
Provinciale était Mère Hipolita. Elle m’a proposé d’écrire à la Supérieure
Générale, Mère Louise Marie. J’ai écrit la lettre mais la réponse tardait à
venir. Mais quand c’était venu, c’était positif.
Comme obstacle, j’ai regardé le film du
Père Devlo sur les lépreux et cela m’était difficile. Je me posais des
questions dès lors, si je suis capable de travailler avec les lépreux. Cela m’a
troublée et on a dû m’amener chez un Père accompagnateur qui m’a calmée.
Arrivée en communauté, j’étais heureuse.
La plupart des sœurs étaient des enseignantes. Quelques-unes étaient des
infirmières. Mes compagnes de formation étaient : Christiane Simon,
Patriciat Massart, puis Micheline de Pelshenere qui a quitté la congrégation.
Je n’ ai pas été admise sur place pour les vœux, mais après 6 mois j’ étais
admise aux vœux et étais envoyée à la maison Mère en Algérie. Après 6 mois on
m’a envoyée à Paris pour l’étude de la Théologie. J’ai travaillé dans la
formation des religieuses, des catéchistes,… Je suis entrée définitivement au
Congo en fin 2006.
Julienne : Qu’est-ce qui en fait une expérience passionnante ?
Sophie : J’étais
attirée par la Bible. J’y trouve toujours Dieu, Jésus, nos traditions
africaines. J’ai été envoyée au Burundi. Là, j’ai enseigné la religion, la
catéchèse et la musique, puis au Rwanda où j’étais bien accueillie. Je n’ai pas
senti la jalousie des sœurs comme maintenant. En 1965, j’étais envoyée à
Kalémie, en 1970 à Bunia. Là aussi j’ai senti la jalousie. C’était très dur.
J’ai donc demandé de me retirer pour réfléchir. Mon expérience avec la
Congrégation était bonne. J’ai aussi fait une expérience avec nos sœurs
africaines à Kinshasa. C’était une bonne expérience et beaucoup d’évêques et d’
autres Congrégations ont apprécié cela.
Après Kinshasa, j'ai été envoyée au Burkina
Faso pour une année.
Julienne : Qui
était impliqué ?
Sophie : C’est la
Congrégation, mes compagnes, l’Eglise, le Cardinal Gautier, un béninois
étudiant à Régina Mundi.
Julienne : Décris
comment tu t’es sentie.
Sophie : Il y avait le
découragement dû au comportement raciste de certaines sœurs. Je me questionnais sur
notre internationalité et sur notre interculturalité. Après cinq ans à Rome,
c’était la Tanzanie où j’ai vécu de 1983 à 2007 à Mbea. J’ai fait une année
sabbatique. Je me sentais confirmée que ma place était chez les sœurs Blanches.
En 1999, je suis repartie en Tanzanie, à Dar-es-Salam pour deux ans où j’ai
travaillé avec les femmes.
Julienne : Décris
ce que tu as fait suite à l’expérience.
Sophie : J’ai fait une
crise, lorsque dans les années 1970, je remarquais que les sœurs africaines n’étaient
pas acceptées. Je me suis retirée pour réfléchir et j’ai rejoint la
congrégation en 1973.
Julienne :
Maintenant, quelles sont les choses que tu apprécies profondément au sujet des
SMNDA ? Quand tu te sens le mieux en tant que SMNDA, qu’est-ce que tu
apprécies en toi-même ? Quelle est la contribution la plus importante que
les SMNDA ont apportée à ta vie ?
Sophie : J’apprécie
l’internationalité et l’inter-culturalité, espérant que nous allons continuer
cela. Réfléchir sur sa culture et enrichir les autres.
En moi-même, j’apprécie le fait que je
peux partager ce que je suis avec les autres. J’apprécie la liberté d’être
moi-même dans la vie des SMNDA.
Julienne : D’après
toi, quelle est la valeur fondamentale des SMNDA ? Quelles sont les
valeurs qui donnent vie à ta Congrégation ? Qu'est-ce qui, si cela
n’existait pas, rendrait la Congrégation des SMNDA totalement différente de ce
qu'elle est actuellement ?
Sophie : La valeur
fondamentale des SMNDA c’est la Mission en Afrique, l’internationalité et l’inter-culturalité,
la liberté (même d’être à la cuisine, préparer les menus que l’on veut), la vie
spirituelle.
La vie spirituelle chrétienne des SMNDA
s’affaiblit. Il faut que nous fassions attention. Nous sommes des religieuses
missionnaires et non pas des volontaires.
L’amour entre nous doit être fort et
authentique. Une de nos sœurs dont la santé était fragile
disait : « Aimons-nous donc mes sœurs», juste comme Mère
Marie Salomé nous recommande.
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