Friday, June 22, 2018

SR. JACQUELINE PICARD (OTTAWA, CANADA)

SR. JACQUELINE PICARD (OTTAWA, CANADA)


En tant que SMNDA, comment as-tu été une « femme apôtre » dans les différents lieux où tu as été envoyée ?  

Quand j’étais encore jeune professe, mon travail était surtout dans les collèges secondaires ou j’enseignais mon sujet préféré les mathématiques ! J’aimais beaucoup mes élèves , et je pense qu’ils le sentaient . Vu que j’avais appris la langue locale, ceci me permettait d’être proche et de visiter leur famille quand c’était possible. Un jour quelques-uns de mes élèves vinrent me demander : Pourquoi vous venez  vivre et travailler ici ? Pourquoi vous avez quitté votre beau pays pour venir enseigner ici ? Nous, notre seul désir est d’aller vivre au Canada… Une telle question m’a réjoui le cœur , j’ai compris qu’ils avaient vu , sans se l’avouer le motif profond qui me permettait de vivre heureuse dans ma mission . 

Après j’ai fait l’animation vocationnelle dans plusieurs pays : au Canada, en Italie et au Ghana ; j’ai senti que Dieu se sert de nous pour éveiller les vocations  par notre parole , notre exemple, notre  joie de vivre, mais c’est toujours l’Esprit qui fait le reste , qui brûle le coeur de celui ou celle qu’il appel . 

Beaucoup plus tard,  quand j’ai travaillé avec les femmes de la rue , je sentais que nous pouvions communiquer en profondeur , elles sentaient que je les aimais beaucoup et que tout ce que je désirais était de les rendre heureuse ! En résumé, c’est l’amour qui fait qu’on est apôtre !

De quelle action prophétique te souviens-tu plus particulièrement ? Peux-tu l’expliquer ? 

Jeune fille, j’ai enseigné à Montréal pendant 4 ans avant de me décider à suivre mon appel missionnaire. Le jour où j’ai tout quitté pour partir au postulat , ce fut un choc dans ma famille et dans mon milieu de travail , pour les professeurs et pour mes élèves . On m’a beaucoup interpelée , on me  demandait pourquoi je quittais et qu’est-ce que je deviendrais . Le Québec est de plus en plus matérialiste et déchristianisé donc un tel départ est étrange aux yeux de plusieurs personnes. On s’imagine difficilement qu’on peut vivre toute une vie heureuse pour suivre le Christ. J’allais définitivement contre le courant de la vie normale . 

Qu’est-ce qui te vient à l’esprit, quand tu penses à ton expérience de vie communautaire internationale et interculturelle ? 

C’est une vie très riche et très agréable . Nous avons de la chance de vivre dans une congrégation telle que la nôtre ou on est forcées de s’ouvrir continuellement à l’autre , à accepter différentes façons de faire.  C’est une vie  qui nous fait grandir et devenir tolérantes , une vie qui nous pousse à accepter avec patience les incompréhensions et qui nous pousse vers le pardon et l’humilité . On doit apprendre à écouter avec son cœur . C’est une vie qui nous invite à un amour universel

Avec les années, les défis s’accumulent.  Défis  qui pour moi n’étaient pas dû à l’internationalité ou l’interculturalité mais bien à nos difficultés de caractères , à  la fatigue , à la température, la maladie, à trop de travail, à un mauvais  d’équilibre de vie .  Tout ça  ronge nos énergie et les conflits peuvent nous rendre malheureuses . J’ai quelques fois vécu dans les communautés difficiles ou mon seul recours était Celui à qui j’avais donné ma vie . Il était mon refuge , ma force , ma source de courage . Même si des fois je souffrais de certains conflits , il y avait toujours la paix au plus profond de moi . IL y avait écrit sur le mur de ma chambre : ‘’Les montagnes peuvent s’en aller , et les collines s’abaisser, mais mon amour pour toi ne s’en ira pas ‘’(Isaie54,10)

Que voudrais-tu nous dire à nous, jeunes Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, encore à l’étape des vœux temporaires ? 

Ayez confiance en Celui qui vous a appelé quelque soient les difficultés. ‘’Il est toujours avec nous jusqu’à la fin des temps ‘’ comme Il nous l’a promis.


Interviewée par Sr Faustina  Baawobr
Kinshasa Yolo, RDC 

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