Tuesday, May 8, 2018

SŒUR MARIA HERNÁNDEZ HERNÁNDEZ (LA MARSA-STE-OLIVE, TUNISIE)

SŒUR MARIA HERNÁNDEZ HERNÁNDEZ
LA MARSA-STE-OLIVE, TUNISIE

Maria, en tant que SMNDA, comment as-tu été une « femme apôtre » dans les différents lieux où tu as été envoyée ?

Être « femme apôtre », qu’est-ce que cela veut dire ? Être envoyée comme le Christ, à sa suite, à la rencontre d’un autre peuple pour y témoigner de son message d’amour universel. Lorsque j’étais au noviciat en Espagne, un Père Blanc de passage venant de Tunisie nous a présenté la mission résumée en un seul mot : AIMER. Puisqu’ ici la mission par la parole n’est pas possible, tout est dans le témoignage, dans la manière de vivre, la présence, dans l’amour que nous portons à l’autre et qui doit « parler » de ce Jésus qui nous habite. Cette conception de la mission m’a séduite, je me disais : « Je ne suis pas une femme de grandes paroles, je ne sais pas parler, mais aimer dans la vie courante, je pourrais bien essayer ! » Et c’est de cette façon que j’ai conçu ma mission, témoigner de l’amour du Père avec les plus petits, puisque j’ai passé quarante ans avec les enfants et les jeunes, sur un chemin d’humble service où j’ai pu partager le meilleur de moi-même et où j’ai reçu tout autant de ce peuple. Ensemble, je pense que le Royaume a pu grandir un peu ici et là. Et surtout avec Dieu à qui je rends grâce, car « Il m’a choisie pour servir en sa présence ».

De quelle action prophétique te souviens-tu plus particulièrement ? Peux- tu l’expliquer ?

Je n’ai pas conscience d’avoir vécu « une situation prophétique » dans ma mission en Tunisie. Tout mon vécu se résume à une vie simple, joyeuse, je n’ai rien dénoncé, je n’ai pas agi à contre-courant… Mais, en milieu musulman, parmi ce peuple de croyants qui a en haute estime le mariage… je pense que le célibat consacré pourrait poser question, même s’il n’est pas compris et est considéré comme un manque important pour l’épanouissement personnel. Notre vie de don total aux autres peut être un témoignage dans ce sens. Et de même, la vie communautaire authentique où nous essayons de vivre de divers pays, cultures, âges… c’est un défi que certains apprécient et estiment. 

Qu’est ce qui te vient à l’esprit (paroles, image, joies, défis) quand tu penses à ton expérience de vie en communautés internationales, interculturelles ?

Vie communautaire : Voici bientôt 55 ans que je suis chez les SMNDA. Des communautés, j’en ai connues ! De toutes sortes. 

Une parole de Jean fonde pour moi la mission et la communauté : « Voyez comme ils s’aiment…  pour que le monde croie ! » C’est cette réalité de l’amour mutuel qui me semble essentielle et que j’ai essayé de vivre.

Je peux dire que j’ai TOUJOURS été heureuse de vive avec mes sœurs. J’ai eu peu de difficultés de relations avec les autres. Je me suis toujours sentie aimée, acceptée, soutenue, enrichie… par la communauté. J’ai essayé de faire pareil avec toutes celles que Dieu m’a données comme compagnes, je les ai aimées de tout cœur, et j’en garde des souvenirs inoubliables. L’image qui me vient remonte à mes jeunes années où nous vivions à Thibar entourées d’une très belle campagne : au printemps, les champs se couvraient de fleurs multicolores toutes simples, toutes différentes. J’aimais en cueillir et en faire des bouquets magnifiques, qui pour moi étaient le symbole de la communauté : chaque fleur, chaque sœur, était peu de chose en elle-même, mais ensemble, quelle splendeur ! Quel parfum ! Quelle beauté ! Quelle louange au Créateur !

Que voudrais-tu nous dire à nous, jeunes Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, encore à l’étape des vœux temporaires ? 

Ce que je voudrais leur dire : Mettez le Christ au centre de vos vies, vivez de Lui. « L’attachement fort et ardent à Jésus Christ », c’est la parole qui a eu le plus d’impact en moi et à laquelle j’essaie de rester fidèle, bien imparfaitement, j’en suis consciente.

Puis, avec saint Paul, « Vivez dans l’action de grâce. » Attitude qui m’est chère, car ce n’est que justice envers Dieu qui nous comble de sa tendresse, de sa Providence aimante tout au long du jour. Chaque soir, ma journée s’achève par ce merci à Dieu pour ce qu’Il m’a donné de vivre avec Lui et avec tous ! 

Interviewée par Sr Iwona Cholewinska
La Marsa Ste-Olive, Tunisie

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