Tuesday, May 8, 2018

SŒUR DANIELLE LORENZOLI (GHARDAÏA, ALGERIE)

SŒUR DANIELLE LORENZOLI
GHARDAÏA, ALGERIE



En tant que SMNDA, comment as-tu été une « femme apôtre » dans les différents lieux où tu as été envoyée ?

J’ai essayé d’accepter chacune de mes nominations en esprit de foi et d’y entrer pleinement pour être ce que je désirais vivre de ma vocation. Je voulais faire de mon mieux ce qui m’était demandé et ce pour quoi j’étais envoyée, et cela, en vivant avec les gens la vie simple de tous les jours au milieu d’eux.

Quelques étapes :

A Béchar (1975-1981) : employée comme responsable du jardin d’enfants de la commune, je me suis beaucoup investie dans un travail avec les monitrices et j’ai eu beaucoup des contacts avec les familles des enfants. J’ai vécu une présence fraternelle au service des enfants, en collaboration avec les monitrices éducatrices et les familles afin d’aider les enfants à grandir dans le respect de leur personnalité.

De 1985-87, alors que j’étais en communauté à Ouargla, j’ai été appelée à faire partie d’une équipe de Caritas pour donner des sessions de formation aux éducatrices de jardin d’enfants dans les camps des réfugiés sahraouis, dans le grand sud de la région de Tindouf. J’ai découvert à la fois le grand désert et la dure réalité de la vie de ce peuple réfugié, ses aspirations et son espoir d’un retour dans un pays indépendant et souverain.

Cela m’a été une grâce véritable : ces quatre séjours de cinq semaines m’ont profondément changée dans la manière de vivre ma vie de consacrée et dans ma manière de prier. « Je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (Os 2,17).

Sur le plan professionnel, ce fut l’embryon du travail de formation de ce qui me sera demandé plus tard. J’ai beaucoup reçu de l’équipe dans laquelle j’étais insérée. Nous vivions ensemble en communauté de vie (laïques, religieuses, chrétiennes et musulmanes). J’avais le sentiment très fort que nous étions une réelle présence d’Église dans ce désert.

De 1987-2002 : J’étais à Nouadhibou en Mauritanie, au service d’enfants de diocèse. J’ai poursuivi et approfondi mon travail d’éducatrice en essayant de transmettre ma passion de l’éducation, de la vie aux monitrices, en les aidant à se former pour ce travail.

Partage dans le travail fait ensemble, mais aussi de leur vie, leurs soucis, difficultés et joies familiales et en communion aussi avec les familles visitées. Présence d’amitié, échange sur le quotidien de la vie.

En 2003, j’ai vécu à Hydra Alger, puis Ghardaïa : formation des éducatrices des jeunes enfants, puis des formatrices pour la relève dans le service Caritas : partage de mon expérience, transmission de mes valeurs de travail, mais aussi partage de ce qu’elles sont, leurs vies et leurs espoirs.
Réflexion d’une éducatrice à la fin du stage : « Finalement ma sœur, vous nous avez appris l’humain, à être humaines. »
Question d’une autre éducatrice au cours d’un stage : « J’aimerais connaître la source de votre dynamisme, de votre dévouement. »

Qu’est ce qui te vient à l’esprit (paroles, image, joies, défis) quand tu penses à ton expérience de vie en communautés internationales, interculturelles ?

J’ai beaucoup aimé les communautés dans lesquelles j’ai vécue, même si parfois il y a eu des difficultés de relations avec l’une ou l’autre sœur.

J’ai toujours trouvé une aide dans la communauté, et je peux dire que j’y ai été heureuse dans chacune. A chaque nouvelle étape, chaque nouvelle nomination, nouvelle insertion de travail, Dieu donne la grâce, la force de répondre, de faire face… même si parfois je me sentais incapable ou démunie face à ce qui m’était demandé. Il faut toujours s’accrocher au Seigneur.

De quelle action prophétique te souviens-tu plus particulièrement ? Peux- tu l’expliquer ? 

J’ai mené la vie quotidienne dans le service, le travail, la rencontre…

Que voudrais-tu nous dire à nous, jeunes Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, encore à l’étape des vœux temporaires ? 

Vivre dans la confiance, dans l’humilité ! Soyez des femmes de prière !

Vivez une vraie charité fraternelle. Enracinez-vous dans le peuple auquel vous êtes envoyées. N’ayez pas peur de durer. Apprenez sa langue et aimez le travail que vous faites. Soyez heureuses. N’ayez pas peur de difficultés.

Un texte qui m’a toujours aidée : Michée 6,8« On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yahvé réclame de toi : rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu. »

Interviewée par Sr Aurélie Dushime 
Ghardaïa, Algérie

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