Sr. Patricia Massart and le petit Gaspard |
Sr. Patricia est belge. Actuellement elle
habite à Evere Campus Eureka, en Belgique. Elle rend beaucoup de services aux
personnes/Sœurs âgées et à la communauté.
Hélène Kavula Bikwe : Réfléchis
sur toute ton expérience avec la congrégation SMNDA. Rappelle-toi un moment où
tu t’es sentie très vivante, très participante, spirituellement touchée, ou le
plus enthousiasmée par ton engagement. Raconte-moi cette expérience mémorable
que tu as eue avec les SMNDA.
Patricia: Tout au long
de ma vie, j’ai connu beaucoup de belles expériences. Aujourd’hui, je voudrais
me souvenir d’une expérience vécue au temps de mes vœux temporaires. Après
l’année de Ste Marie à Alger, j’ai été nommée à Bunia (RDC) dans la communauté
du noviciat des Sœurs Servantes de Jésus (Watumishi wa Yezu). J’y suis arrivée
le 24 septembre 1959, je venais d’avoir 25 ans.
A l’époque, une cinquantaine de novices,
postulantes et aspirantes vivaient au noviciat. Les aspirantes et les
postulantes suivaient des cours dans une école ménagère pédagogique. Deux jours
après mon arrivée, sans connaitre la langue, sans aucun diplôme, j’étais nommée
enseignante dans cette école ménagère, avec un horaire plein. De plus, en deux
ans, j’ai eu trois supérieures différentes !!!
A cette époque, la supérieure était
toujours responsable des jeunes professes. Ces dernières étaient habituellement
plusieurs dans une communauté. La supérieure les réunissait régulièrement pour
la lecture d’un livre, suivie d’échanges. Elle recevait aussi la jeune professe
une fois par mois.
Les deux premières années furent très
dures pour moi. J’étais enseignante sans formation, j’avais un horaire
trop plein, peu de réel partage de mon vécu. Les contacts avec la supérieure
régionale n’étaient pas possible suite aux difficultés du pays et au peu de
moyens de communication. Bien sûr, pas d’internet à l’époque. Je me sentais mal
et je croyais que je ne serais pas admise à mes vœux perpétuels et pourtant
j’aimais tant la congrégation. Je me sentais un faible arbrisseau! Je n’avais
qu’un appui sûr: Jésus, mon époux et je priais beaucoup, surtout avec les
textes de prophètes de l’Ancien Testament. Mon amour de la Bible m’aidait.
En septembre 1961, à la suite de la visite
de la supérieure générale, il y eut de grands changements aussi bien dans la
communauté que dans les activités apostoliques. L’école ménagère fut rattachée
à l’école normale. Une autre supérieure fut nommée dans la communauté du
noviciat; elle était en même temps maitresse des novices des Sœurs Servantes de
Jésus. C’était une sœur appréciée pour sa droiture. Elle parlait clairement de
ce qui allait bien, comme de ce qui n’allait pas. Je la sentais vraie et
j’acceptais avec reconnaissance ce qu’elle me disait pour mon bien.
Moi-même j’étais chargée des cours de
bible, liturgie, chant pour les postulantes et les novices. C’est vraiment ce
qui convenait à mon tempérament et mes capacités. Je m’occupais aussi de la
buanderie, de surveillances à droite et à gauche et de cinq cours à l’école
ménagère pédagogique. Une fois par mois j’accompagnais une sœur ancienne dans
les succursales. Cette sœur connaissait très bien les coutumes et le kibira
(langue de l’endroit) et elle m’initiait. Quel bonheur de profiter de sa longue
expérience.
J’ai retrouvé dans mes lettres ce que
j’écrivais à ma famille: « Je n’ose croire à mon bonheur, car
tous mes désirs se réalisent: donner des cours de Bible, de liturgie, de chant,
de musique, découvrir les gens là où ils vivent. Je vis comme un rêve. Nous
formons une communauté avec quatre smnda et trois Srs Servantes de Jésus qui se
préparent à prendre des responsabilités dans leur congrégation. Nous
essayons de mieux nous connaître et de nous aimer sincèrement».
Trois ans me séparaient de mes vœux
perpétuels. Je vivais mon don au Seigneur avec la ferveur du temps de mon
noviciat. L’émerveillement, l’enthousiasme, la reconnaissance d’avoir été
choisie et appelée par Jésus dans cette famille missionnaire m’habitait.
J’ai toujours aimé la congrégation comme
j’aime ma famille. J’aime dire que j’ai deux grandes familles qui sont chères à
mon cœur.
Il me semble que j’ai pu vivre ce temps de
paix, de joie avec intensité parce qu’il avait été précédé d’un temps de
désert, d’épreuve pendant lequel, je ne pouvais compter que sur le Seigneur.
En même temps j’avais découvert que la
congrégation me donnait des « vivres » pour la route.
Sœur Marianne Muja Kamunazi (+1992)
appelait ce cadeau de la congrégation « avoir une colonne
vertébrale ». Des temps de prière réguliers, des moments de silence,
des sœurs avec qui vivre une vie communautaire: repas, détente, réunions, et de
notre temps, lectures spirituelles ensemble, une supérieure qui aidait à
marcher à la suite de Jésus. Tout cela pour vivre la Mission le plus
intensément possible.
Vivre en communauté internationale,
caractéristique des SMNDA, m’avait attiré. Or à cette époque-là, pour diverses
circonstances, dans les communautés du Congo, il y avait une grande majorité de
Belges. A Bunia, grâce à Dieu, j’ai vécu pendant trois ans en communauté avec
des sœurs Congolaises .Ce fut une richesse et parfois un défi.
Les SMNDA ont permis que continue ce qui
avait été commencé en moi, dans ma famille : m’épanouir dans tous les
domaines: humain, chrétien, spirituel, culturel, intellectuel. Afin que tout
mon être soit au service de la Mission et que je réponde jour après jour à
l’appel de Jésus. Je continue cela dans la joie jusqu’au jour où le Seigneur
m’appellera près de Lui !
Hélène: Qu’est-ce qui
en fait une expérience passionnante ?
Patricia: Le courage et
la joie de « sortir pour aller vers », la rencontre d’autres
culture, peuple malgré que la langue faisait défi. ‘’Etre tout a tous’’
Le partage et l’amour de la mission m’aidaient à prendre au sérieux mes
responsabilisées et de trouver ma place dans la communauté de tant de
personnes. Le bonheur de profiter de ma longue expérience qui a fait réalisé
mes désirs : donner les cours, découvrir les gens là où ils vivent. Puis
le fait d’essayer de mieux nous connaître et de nous aimer sincèrement dans la
communauté interculturelle.
Hélène: Qui était
impliqué ?
Patricia: La communauté.
Hélène: Décris comment
tu t’es sentie.
Patricia: Je me sentais
un faible arbrisseau ! Je n’avais qu’un appui sûr : Jésus mon époux.
J’ai pu vivre ce temps de paix, de joie avec intensité parce qu’il avait été
précédé d’un temps de désert, d’épreuve pendant le quel je ne pouvais compter
que sur le Seigneur. Je me sentais aussi soutenue par la communauté.
Hélène: Décris ce que
tu as fait suite à l’expérience.
Patricia: J’ai le temps
de partage, de prières régulière, moment de silence et de lecture spirituelle.
J’ai aussi eu mes sœurs avec qui vivre la vie communautaire et la mission.
Hélène: Maintenant,
quelles sont les choses que tu apprécies profondément au sujet des SMNDA ?
Quand tu te sens le mieux en tant que SMNDA, qu’est-ce que tu apprécies en
toi-même ? Quelle est la contribution la plus importante que les SMNDA ont
apportée à ta vie ?
Patricia: La vie
communautaire internationale, interculturelle; marcher à la suite du Christ,
apprendre la langue, vivre dans la réalité.
Quand je me sens mieux en tant que
SMNDA , j’apprécie : je suis reconnaissante d’avoir été choisie et
appelée par Jésus dans cette famille missionnaire, le sens d’appartenance et
l’amour de la congrégation.
La contribution la plus importante que les
SMNDA ont apportée à ma vie c’est vivre pour la route, dans la réalité.
Hélène: D’après toi,
quelle est la valeur fondamentale des SMNDA ? Quelles sont les valeurs qui
donnent vie à ta Congrégation ? Qu'est-ce qui, si cela n’existait pas,
rendrait la Congrégation des SMNDA totalement différente de ce qu'elle est
actuellement ?
Patricia: La valeur
fondamentale des SMNDA pour moi c’est l’enracinement en Christ qui nous
unit; l’inter culturalité et le fait d’être exclusivement missionnaire.
Les valeurs qui donnent vie à la
congrégation sont l’attachement à Jésus-Christ et l’amour de
l’Afrique ; la foi, l’honnêteté, la droiture et la simplicité.
Le fait de vivre en communauté inter
culturelle/internationale et d’être exclusivement missionnaire fait que la
congrégation est ce qu’elle est actuellement.
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