Sr. Raymond Marie |
Ferroudja Chabane:
Réfléchis sur toute ton expérience avec la Congrégation SMNDA. Rappelle-toi un
moment où tu t’es sentie très vivante, très participante, spirituellement
touchée, ou le plus enthousiasmée par ton engagement. Raconte-moi cette
expérience mémorable que tu as eue avec les SMNDA.
Raymonde Marie: Il
faut seulement comprendre que le point de départ de ma vocation SMNDA c’est
l’expérience vécue en Algérie. A partir de ce vécue la, mon choix de vie était
fait. J’entrerai chez le SMNDA, pas besoin de chercher ailleurs, ni plus loin.
Comme je m'étais beaucoup occupée de mes
nombreux frères et sœurs, avant de pousser plus loin mon désir de Vie
Religieuse Missionnaire, il me fallait tester ma résistance à l'éloignement de
la famille. L'Algérie, à ce moment-là, c'était encore la France. Je
pouvais tenter ma chance de ce côté-là. Grâce aux SMNDA rencontrées
un peu par hasard, j’ai préparé mon Brevet élémentaire, puis j'ai décidé
de partir. En Algérie c'était déjà “la guerre de libération " la
lutte contre la France. J'étais laïque, j'avais donc une ”allure
tout à fait française " et non pas SMNDA avec leur costume
blanc . Elles étaient très respectées par la population comme par
les maquisards. Je suis arrivée en Kabylie en 1955. La première
année, j'étais professeur des Écoles. C'était merveilleux , les petites de 6/7
ans ne pensaient qu'à apprendre. J'étais à l'aise, et étonnée par tout ce
que je découvrais, surtout par la force de résistance des femmes qui,
pour moi, étaient " DEBOUT " malgré les difficultés de la vie
qui était la leur. Elles étaient “DEBOUT” me semblait il, grâce à leur FOI
ce fut un premier choc à la fois culturel et religieux. Je ne connaissais
rien à l'ISLAM et pas grand-chose de la culture du pays .
Les gens avaient une très grande confiance
dans les Sœurs qui leur rendaient beaucoup services, c'est là que j'ai
découvert ce qu'était leur vie. Elles étaient très proches des gens, partageant
leurs joies, leurs peines, essayant de leur venir en aide autant que cela leur
était possible, même dans les moments dangereux. ça me permettait
d'approfondir ce que je pensais être ma vocation. Les voir vivre ainsi me
faisait envie VIE CONSACREE à DIEU. ET VIE DONNÉE aux AUTRES. QUOI de PLUS
BEAU, de plus ENTHOUSIASMANT quand on cherche son chemin !
Il y avait aussi ce que les armées (il y
avait celle de France et celle du maquis) faisaient subir à la
population. Je n'y comprenais plus rien. Les Sœurs restaient neutres, mais
toujours solidaires des gens; çà c'était quelque chose pour moi, j'ouvrais
de grands yeux sur tout ce qui se passait, et quand j'ai réalisé tout ce que
mes concitoyens faisaient subir à la population, alors que normalement, l'armée
française était une "armée de pacification". J'ai décidé dans mon
cœur que je mettrais ma vie, mes forces, mes compétences au
service de la population de ce pays. Mon désir s'est réalisé alors que je
n'en avais pas parlé. Je fus nommée en Kabylie. ( J'ai gardé ce
secret au fond de mon cœur pendant de longues années ). C'est à partir de
cette expérience là que j'ai décidé d'entrer chez les SMNDA. Ce ne fut pas
toujours facile mais je suis encore là et je ne regrette rien .
Ferroudja: Maintenant,
quelles sont les choses que tu apprécies profondément au sujet des SMNDA ?
Quand tu te sens le mieux en tant que SMNDA, qu’est-ce que tu apprécies en
toi-même ? Quelle est la contribution la plus importante que les SMNDA ont
apportée à ta vie ?
Raymonde Marie: Les
temps de réflexion qui aident a approfondir ce que nous vivons, a « faire
retour sur soi » et a entreprendre « un travail sur soi »
lorsqu’on découvre que quelque chose ne va pas.
Le sérieux quelles apportent pour répondre
aux engagements pris (vie religieuse), prière, service divers, éducation,
travail…
Leur ouverture sur les réalités du monde
dans lequel elles se trouvent, proximité avec les gens sans distinction de race,
de culture, de religion, de milieu social. Leur souci de la formation à
travers: les écoles, les dispensaires, les hôpitaux, les catéchistes et surtout
l’accent mis sur la formation féminine pour que la femme tienne vraiment sa
place dans la société.
Tout cela, je lai vraiment apprécie parce
que tout ce qui était entrepris l’était avec SERIEUX et toujours au service de
la population, cela correspondait bien au Project que je portais au fond de mon
cœur.
Ferroudja: D’après toi,
quelle est la valeur fondamentale des SMNDA ?
Raymonde Marie: Etre
entièrement tournée vers l’Afrique et les Africains. L’effort fait pour
connaitre la mentalité des gens, leur culture, leur habitudes, leur religion,
avec le souci de « rendre libre et indépendant »
En communauté: le vouloir vivre ensemble,
le désir de fraternité, d’être vraiment « sœurs » de faire attention
les uns les autres même si ca se révèle souvent très exigeant.
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